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6e dimanche de Pâques (A)

21 mai 2017

Luc Chartrand

Luc Chartrand

1 P 3,15-18

Jn 14,15-21

« Vous êtes en moi et moi en vous »

L’Évangile proclamé ce matin n’est pas nouveau à nos oreilles. Nous l’avons entendu à l’occasion du dernier repas de Jésus, à la fin de la célébration du Jeudi saint, où nous nous sommes rappelé ces versets avant de nous séparer. Avant de quitter ses disciples pour le temps de l’absence, Jésus laisse une indication au sujet des marques tangibles de l’amour manifesté par ceux et celles qui lui demeurent attachés. « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » La finale de l’Évangile se veut plus explicite : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ». Ces deux paroles sont adressées à des destinataires différents. Au début, elles concernent uniquement les disciples. À la fin, les personnes impliquées sont celles à qui les disciples s’adressent, voire s’adresseront.    

Luc ChartrandNous sommes en droit d’être surpris par l’apparition du mot « commandements » au pluriel. Nous nous sommes habitués au commandement unique laissé par Jésus, « mon commandement le voici : aimiez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). La compréhension de « commandements » au pluriel demande de poursuivre la lecture de l’évangile d’aujourd’hui de quelques versets. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Jn 14, 23) Les mêmes mots apparaissent : « si quelqu’un m’aime »; mais, ici, « la parole » remplace « les commandements ». Nous le savons, tout au long des récits évangéliques, par sa parole Jésus opère des liens entre les personnes, les situations, les événements. Celui qui a entendu est invité maintenant à « garder » l’ensemble des paroles de Jésus. L’évangile ne se réduit pas à des commandements, il s’agit avant tout de s’inspirer des liens mis en scène à l’occasion des récits qui nous sont parvenus, pour garder la trace active et vivante du Seigneur Jésus. Après le départ de Jésus, nous sommes invités à être des hommes et des femmes de relation à la manière de Jésus, pour garder dynamique sa présence pour ce temps de l’absence auquel nous appartenons. L’observation, « la garde », des paroles de Jésus, est indissociable de l’amour qui nous habite envers ce fils de la terre et Fils de Dieu.               

Avant de se séparer des siens, de ses proches, Jésus introduit un nouveau mode de présence. Il s’agit du don d’un « autre Défenseur ». L’expression permet de croire que Jésus joue ce rôle pour ses familiers. Jésus les défendait du monde, défini ici comme étant incapable de recevoir « l’Esprit de vérité…, car il ne le voit pas et ne le connaît pas; vous, vous le connaissez, car il demeure en vous, et il sera en vous ». Le monde est donc ce qui est extérieur au lien du Père et du Fils, au lien également entre le Fils et les disciples. Il ne s’agit donc pas d’une réalité « spirituelle » surajoutée à l’existence humaine, mais d’une puissance d’attraction semblable à celle qui se vit entre le Père et le Fils.          

Lorsque Jésus dit : « je ne vous laisserai pas orphelins », il adopte une position paternelle à l’égard de ses disciples et de chacun de nous. Nous pourrions dire que Jésus donne les indications de sa nouvelle forme de présence pour le temps de l’absence, qui nous sépare de son retour. N’est-ce pas là le sens de « je reviens vers vous »?        

Jésus nous invite à opérer un passage. Ses paroles impliquent également les personnes qui le connaîtront par l’intermédiaire des disciples. « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ». Pour nous maintenant, qui ne l’avons pas connu il y a deux mille ans, se maintient l’éventualité de l’aimer et d’entrer dans cette relation d’amour avec le Père et le Fils, même si nous avons de la difficulté à la concevoir. « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père; moi aussi, je l’aimerai et je me manifesterai àlui. »            

Des disciples à nous, il y a tous ces témoins enracinés dans l’amour du Père et du Fils et en qui l’autre Défenseur, l’Esprit de Vérité, fait en sorte que nous nous retrouvions ce matin pour partager le pain et la coupe.

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal