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L'Épiphanie
7 janvier 2018
Tous ensemble en marche vers la Lumière!
Le récit des mages peut prêter à de nombreux commentaires et à des réflexions variées surtout pour un prédicateur qui a fait de ce thème un objet de recherche et de collection pendant des années. Aujourd’hui, pour faire bref, j’essaierai de résumer l’évangile de Matthieu que nous venons d’entendre par cette formule qui se veut aussi une invitation à un engagement personnel et communautaire : « Tous en marche vers la lumière ». Vous aurez facilement repéré les trois mots clefs qui me permettront — une fois de plus — de faire une homélie en trois points : « tous — en marche — vers la lumière ».
L’évangile nous dit que des mages sont venus de l’Est pour adorer Jésus. Combien sont-ils? La tradition a retenu qu’ils devraient être trois puisqu’ils ont offert trois cadeaux : l’or, l’encens et la myrrhe. Ce n’est pas certain mais ce qui est clairement affirmé, c’est qu’ils étaient plusieurs et qu’ils venaient de loin. Après les bergers, qui étaient des proches, venant des champs environnant Bethléem, ce sont maintenant des étrangers, originaires de pays lointains, qui accueillent le Seigneur. Le salut apporté par Jésus est non seulement pour le peuple juif, mais pour le monde entier. L’épiphanie, c’est la fête de la mission universelle. C’est ainsi que dans la représentation des mages, on a voulu figurer les différents âges de la vie : le vieillard, l’adulte et le jeune homme. Et puis, on a distingué différents milieux géographique : l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Les crèches que l’on trouve aujourd’hui, répandues dans le monde entier, soulignent la dimension d’inculturation du salut apporté par Jésus. N’y a-t-il pas là pour nous une invitation à ouvrir nos yeux, notre cœur au monde entier? Ne nous refermons pas sur notre milieu immédiat, sur notre pays, sur notre culture! Intéressons-nous aux autres, aux plus lointains… qui deviennent d’ailleurs de plus en plus proches de nous par les medias mais aussi à travers le phénomène migratoire! Faisons du vaste monde notre paroisse!
Pour découvrir Jésus et l’adorer, les mages se sont mis en marche. Ils ont entrepris un long voyage à partir de l’Orient — s’agit-il de la Perse ou de l’Arabie? Qu’importe! — qui les a menés à Jérusalem puis à Bethléem. Ont-ils voyagé à pied, à cheval ou à dos de chameau? La cavalcade des mages a été l’objet de plusieurs représentations dans l’art chrétien. À Florence, l’artiste de la Renaissance Benezzo Gozzoli a décoré tous les murs d’une chapelle dans un palais des Medicis avec cette longue procession des mages. Notre vie chrétienne est une marche sur les pas de Jésus, un cheminement qui est toujours à poursuivre. Jésus a appelé ses premiers disciples par ces mots « Viens et suis-moi ». Nous aussi, nous sommes invités à cheminer, à progresser dans la foi. Ce cheminement nous mène à reconnaitre Jésus dans le quotidien de notre vie et à l’adorer à la manière des mages. La joie doit marquer cette marche parce que le Seigneur est avec nous et que nous savons qu’en lui, la vie est plus forte que la mort. La description du voyage de retour des mages est brève : elle tient en une ligne, « ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ». Pour suggérer que les mages ont pris un autre chemin, certains artistes, comme celui qui a créé la mosaïque du baptistère de Florence, les ont représentés dans un bateau… et non plus sur des chevaux ou des chameaux. Pourquoi les mages ont-ils pris un autre chemin? Pour garder le secret de leur découverte et ne pas le communiquer à Hérode? Sans doute. Mais il y a peut-être là aussi la suggestion que la rencontre avec le Seigneur entraîne un changement de vie, une conversion. Après avoir rencontré Jésus, on ne vit plus de la même manière, on prend un autre chemin.
Dans le récit de l’Épiphanie, la lumière joue un rôle important. C’est un astre qui guide les mages. Une étoile, une comète, une configuration de planètes? Les mages sont des spécialistes des astres. Ils sont attentifs aux signes qu’ils peuvent déchiffrer dans le ciel. Dans le dessin de l’étoile des mages, certains artistes ont tantôt représenté Jésus enfant portant la croix sur ses épaules, tantôt suggéré à travers trois rayons la trinité divine. L’intervention de l’ange pour avertir les mages de prendre un autre chemin est évoquée de façon très suggestive dans un chapiteau de l’église romane d’Autun. On y voit l’ange qui survole les trois mages alignés sur le même lit et toucher du doigt la main d’un mage et lui indiquer de son autre main l’étoile. N’avons-nous pas tous besoin dans nos vies d’un ange pour nous éveiller et nous montrer l’étoile qui éclaire et donne sens? Aujourd’hui encore, Dieu se manifeste à nous par des signes. Sommes-nous attentifs à ces signes qu’il nous donne de sa présence, aux clins d’œil qu’il nous faits? Jésus s’est présenté lui-même comme la lumière du monde.
Saint Augustin a présenté de façon merveilleuse le mystère que nous célébrons dans l’adoration des mages :
« Il nous faut parler aujourd’hui de ceux que la foi a guidés jusqu’au Christ à partir de contrées lointaines. Ils viennent, en effet, ils le cherchent en s’informant : Où est le Roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. Ils annoncent et interrogent tout à la fois, ils croient et cherchent : ils sont ainsi l’image de ceux qui marchent à la lumière de la foi et désirent la claire vision »