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5e Dimanche du Temps Ordinaire
4 février 2018
Souffrances et guérisons multiples!
Le cri de désespoir de Job est celui de l’humanité. Qui de nous ne pourrait pas faire siennes, à certains moments de la vie, des paroles proches de celles que nous venons d’entendre dans la bouche de Job : « Je ne compte que des nuits de souffrance (…) le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars (…) mes jours s’achèvent faute de fil ». Ces paroles marquées par l’obscurité et le désespoir peuvent être liées à notre vie personnelle, à celle de gens qui nous sont chers ou plus largement à ce que nous observons dans le vaste monde.
La souffrance est omniprésente et elle porte divers visages. La souffrance du corps est peut-être la plus apparente. Il y a de petits malaises quotidiens qui s’accentuent souvent avec l’âge et qui peuvent nous déranger. Il peut arriver aussi que suite à une visite médicale, un diagnostic plus grave vienne bousculer nos projets. La souffrance de parents et d’amis peut elle aussi être difficile à supporter. La sympathie, la compassion, c’est justement la souffrance partagée, c’est souffrir avec l’autre. Que dire de la souffrance des enfants? Elle m’est rappelée régulièrement, chaque fois que je passe devant l’hôpital voisin de notre couvent sur Côte-Sainte-Catherine. Et il n’y a pas que la maladie qui entraîne la souffrance : pensez à la pauvreté matérielle, au chômage, à la violence, à la guerre… Malgré tous les progrès techniques de notre monde moderne, on n’a pas réussi à éliminer ces formes de misère et de souffrance qui continuent de définir notre condition humaine. Il y a aussi la misère de l’esprit qui est une autre forme de souffrance. Cette misère porte différents noms : l’erreur, l’ignorance, le mensonge et la perte du sens même de la vie. Les moyens de communication et d’information ont fait des bonds de géant dans les dernières années, mais qui oserait dire que nous connaissons tout, que nous soyons toujours dans la vérité et que nous comprenons le sens de la vie. Il y a enfin la souffrance du cœur, qui est peut-être la plus répandue. Même chez ceux qui ne souffrent ni de la faim, ni de la maladie et qui sont bien informés, la solitude, l’angoisse et toute une série de malaises d’ordre psychologique peuvent se développer. Et n’oublions pas, pour terminer, le péché sous toutes ses formes qui habite notre cœur : l’égoïsme, le repliement sur nous-mêmes, le manque d’ouverture à l’autre, la méchanceté.
A ces souffrances multiples (dont la première lecture du livre de Job se fait l’écho), la Bonne Nouvelle (proclamée dans la deuxième lecture) propose des guérisons multiples opérées par Jésus. Du matin au soir, dans tous les lieux, sous différentes formes, Jésus annonce le Royaume de Dieu en apportant libération et salut. Dans la maison de Simon et André, Jésus guérit la belle-mère de Pierre qui était au lit, atteint de la fièvre. A la porte même de la maison où il se trouvait, Jésus « guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies ». Toutes les journées de Jésus sur les routes de Galilée sont jalonnées par ces guérisons du corps blessé. Une autre forme de guérison opérée par Jésus est liée à son enseignement. L’évangile d’aujourd’hui nous précise que Jésus proclamait la Bonne Nouvelle dans les synagogues. Nous savons par ailleurs que sa prédication rejoignait aussi les foules qui le suivaient sur les routes et les collines de Galilée. Partout Jésus annonce le Royaume de Dieu, un Royaume de justice et de paix, un Dieu bienveillant qui peut être appelé Père. Jésus se présente lui-même comme la Vérité et la Lumière qui chassent les ténèbres de l’esprit. Un troisième niveau d’intervention qui est mentionné à deux reprises dans notre évangile d’aujourd’hui, c’est l’expulsion des démons. « Jésus expulsa beaucoup de démons (…) Il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile (…) et expulsant les démons ». N’est-ce pas là une façon d’exprimer cette libération plus profonde du mal et de la souffrance qui s’ensuit? Jésus peut pardonner les péchés qui habitent notre cœur, nous libérer du mal qui se tapit au plus profond de notre être. La guérison du corps, de l’esprit et du cœur que nous proclame l’Évangile vient répondre aux divers visages de notre misère et de notre souffrance. A souffrances multiples, guérisons multiples!
Et nous, que pouvons-nous faire pour accueillir cette libération, ce salut proposé par Jésus? La meilleure façon de recevoir ce don, c’est peut-être de le partager. Notre vocation chrétienne n’est-elle pas de suivre Jésus, de marcher sur ses traces? A nous aussi, il revient d’être attentifs aux misères et aux souffrances de ceux qui nous entourent et à celles du vaste monde. A chaque forme de misère et de souffrance, correspond une action appropriée : un regard attentif et bienveillant, une parole de vérité et de soutien, une main secourable, un cœur toujours prêt à pardonner. Que le Seigneur nous donne cette grâce!