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4e Dimanche de Pâques (B)
22 avril 2018
Jésus, la pierre d'angle?
Nous en sommes au quatrième dimanche du temps pascal, temps de l’année liturgique où nous reprenons plus en détail, une à une, les diverses facettes du mystère de la résurrection de Jésus Christ. Car l’Évangile est plus qu’une morale ou qu’un ensemble de valeurs. Il est l’offre d’une relation personnelle avec l’Esprit de Jésus Christ qui veut nous rejoindre aujourd’hui. On nous propose, ce dimanche, les images de la pierre d’angle et du bon pasteur. Images qui n’ont plus la puissance d’évocation de l’époque mais qui, quand nous prenons le temps de bien les comprendre, peuvent encore nous inspirer.
Jésus, pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. Une pierre d’angle, on ne voit plus beaucoup ça dans les constructions modernes. Est-ce que notre bâtiment ici, le couvent Saint-Albert-le-Grand, a une pierre d’angle? Je vous le demande à vous qui fréquentez ce lieu depuis plusieurs années… Personne ne peut me répondre! J’ai eu la même réaction quand j’ai demandé cela aux frères du couvent. Ils m’ont répondu qu’il n’y en avait pas ou qu’il ne le savait pas… hormis un frère plus jeune à qui ça lui disait quelque chose et qui, après le repas, est allé hors de l’église, juste à l’entrée, et qui l’a trouvée. Elle est juste à droite en sortant de l’église, mais cachée par des arbustes. Elle porte une inscription : D.O.M. 1958, pour Deo Omnipotenti Maximo : « Au grand Dieu tout puissant! »
Dans la Bible, il y a plusieurs types de pierre : la pierre de faîte, qui vient tenir ensemble les composantes du toit de l’édifice; la pierre de fondation, qui vient supporter le poids de la maison et la pierre d’angle, première pierre posée au sol et à partir de laquelle on va tracer les angles, on va calculer la position des diverses parties de la construction. Ah, là, ça devient un peu plus parlant! À une époque où les maisons usinées étaient peu fréquentes (!), il était important de se donner une pierre angulaire comme point de référence.
L’autre image qui nous est proposée pour penser notre rapport à Jésus Christ est celle du pasteur, du berger d’un troupeau de moutons… Vous comprenez tout de suite pourquoi certains comités de liturgie se découragent et pensent à déclarer forfait, parfois, devant des images qui viennent d’un autre âge! Or, ici encore, on ne peut faire l’économie de retourner à l’époque afin de comprendre ce qu’on voulait dire. D’abord, les anciens israélites étaient un peuple pastoral comme beaucoup de sociétés d’alors. Garder les troupeaux était un métier important. Rappelons-nous que le grand roi David avait commencé par être un berger! Ensuite, beaucoup de peuples à ce moment-là étaient gouvernés par des tyrans. Or, de temps en temps, quand on avait quelqu’un qui faisait preuve de bonté, de bienveillance, on le qualifiait de « bon berger », non pas à cause des moutons mais plutôt à cause de sa façon d’exercer l’autorité et la responsabilité. Ah, ici aussi, ça devient plus parlant pour aujourd’hui. Dieu, le pasteur d’Israël. Jésus, le berger du peuple des croyants, pas un mercenaire qui fait ce travail pour de l’argent, mais un «bon berger» qui a un lien intime avec ses brebis au point d’être prêt à donner sa vie pour elles.
Jésus Christ, pierre angulaire, bon berger! Dans chacun des cas, on renvoie au rapport personnel des croyants avec Jésus Christ. Si l’Évangile est important pour nous inciter à agir ou nous proposer des valeurs, il est d’abord important pour l’offre de la relation personnelle avec Jésus Christ. En effet, on ne peut pas simplement appliquer à aujourd’hui la façon d’agir de Jésus au première siècle. Beaucoup de choses ont changé. L’important n’est pas tant d’imiter Jésus que de faire ce qu’il ferait s’il était ici aujourd’hui avec nous. Et pour cela, il est essentiel d’entretenir, de cultiver notre relation personnelle avec Jésus.
C’est ça qui nous permet de transcender la lettre de l’Évangile en faveur de l’Esprit de nos écritures fondatrices. L’Évangile n’est pas d’abord une morale ou un ensemble de valeurs. Il est la révélation, l’invitation à converser, à dialoguer avec l’Esprit de Jésus Christ.
Car Jésus Christ est notre bon pasteur, celui qui se préoccupe de nous. celui qui accueille avec bienveillances nos doléances, celui qui fait preuve d’un regard compatissant, celui qui est toujours là pour nous écouter.
Et Jésus Christ est notre pierre d’angle, le point de repère, de référence, quand nous devons choisir, quand nous sommes confrontés à plusieurs possibilités et qu’il nous faut déterminer la meilleure pour nous et pour ceux qui nous entourent. Nous sommes invités aujourd’hui à cultiver, à entretenir notre rapport personnel avec Jésus Christ à nous laisser imprégner par l’Esprit de l’Évangile qui nous rassure dans la foi qui vient éveiller en nous de nouvelles possibilités de vivre et d’agir.
Bien aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu.