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30e Dimanche du Temps Ordinaire (B)
28 octobre 2018
Une foule en marche qui ne laisse personne de côté
« Dépêchez-vous, vous ralentissez le groupe! » Vous êtes-vous déjà fait dire cela lors d’un voyage organisé? J’imagine sans difficulté les deux scouts de Notre Dame des Neiges dans le dernier canot, lors de l’excursion dans le Parc de la Vérendrye l’été passé. Ça nous est tous déjà arrivé de vivre une expérience semblable à un moment donné. Or, dans l’évangile d’aujourd’hui, devant les cris de Bartimée qu’on essaie de faire taire, Jésus, conscient que son heure est arrivée, sur la route de Jérusalem, prend quand même le temps de s’arrêter pour écouter Bartimée et répondre à sa demande. Les gens tout autour ont fait l’expérience de la patience de Dieu.
En effet, dans les deux textes de ce dimanche, on parle de foules en mouvement : La foule de ces juifs qui ont été exilés à Babylone et qui reviennent enfin à Jérusalem. La foule de Jéricho qui marche avec Jésus en direction de Jérusalem, pour la fête de Pâque, devinant que quelque chose d’important les attend là-bas. Une foule qui inclut joyeusement l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée. Une autre foule, cette fois moins enthousiaste à intégrer un aveugle qui mendie, mais où la parole de Jésus vient révéler quelque chose d’important.
C’est déjà très louable de tenir compte et d’intégrer quelqu’un qui est sur le bord du chemin, comme ça. Mais le récit de la guérison de Bartimée veut révéler quelque chose de plus fondamental à la foule des croyants aujourd’hui. Marcher à la suite de Jésus c’est faire confiance à la Parole. Dans notre texte, tout se joue au plan de la parole et de l’écoute. Évidemment, me direz-vous, puisqu’on a affaire à un aveugle! Regardez bien : La démarche de foi commence par une écoute : Quand Bartimée entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier. Quand on veut le faire taire : il crie de plus belle.
Jésus a entendu son cri. Il a été atteint. Il s’arrête et dit : « Appelez-le! » On appelle donc l’aveugle et on lui dit : Confiance, lève-toi, il t’appelle. L’écoute dont il est question aujourd’hui devient personnalisée : Jésus l’appelle. On précise même le nom de l’aveugle : Bartimée. Dans le fait d’être appelé par Jésus, il peut alors faire confiance, il peut croire. C’est alors que l’invraisemblable se produit : Celui qui est aveugle, qui ne voit rien, jette son manteau, bondit et court vers Jésus.
Essayez de faire ça, juste avec les yeux bandés. Je pense que vous ne bondirez pas très haut! La seule façon de comprendre quelque chose à cette invraisemblance c’est d’écouter avec tout son cœur et tout son esprit, c’est de faire confiance entièrement, à la parole de Jésus, à la parole de l’Évangile. Rabbouni, mon maître, pas seulement « maître », mon maître, que je retrouve la vue! Une confiance entière et personnalisée! Jésus lui dit : « Va ta foi t’a sauvé. » Ce n’est qu’à la toute fin qu’on mentionne la guérison. Et il suivait Jésus sur le chemin.
À nous qui, aujourd’hui, essayons de suivre Jésus sur le chemin le miracle de Bartimée vient nous révéler la puissance de la Parole de l’Évangile. Suivre Jésus ce n’est pas d’abord suivre des règles ou des commandements; ce n’est pas d’abord vivre selon des valeurs, même si elles sont chrétiennes. C’est écouter de façon authentique et disponible la Parole de l’Évangile. Des paroles qui nous révèlent la proximité de Dieu pour nous. Des paroles écoutées, accueillies et ruminées qui veulent éveiller en nous de nouvelles possibilités.
Cette Parole nous est parvenue grâce à la foule des témoins : ceux et celles qui ont côtoyé Jésus : les apôtres, les disciples; ceux et celles qui l’ont relayé à travers les siècles. Cette Parole qui est toujours vivante aujourd’hui grâce à la foule de ceux et celles qui se laissent atteindre par elle et qui essaient d’en vivre le mieux possible. Cette Parole qui est portée par la foule des chrétiens qui se rassemblent autour d’elle le dimanche pour la célébrer, la partager.
Nous formons donc ces foules qui marchent vers un monde plus humain, attentives à intégrer les aveugles et les boîteux, les femmes enceintes et les jeunes accouchées. Parce que ces gens qui crient leur espérance, sont visés directement par l’écoute de l’Évangile. Demandons à Dieu de nous transmettre sa patience pour être capables, comme Jésus, de nous arrêter et de les écouter. Confiance, lève-toi, éveille-toi, ressuscite! Le Seigneur t’appelle!