En somme, Jésus rappelle finement à ses disciples
que cet amour qu’il a manifesté s’adresse d,abord à ceux
qui ont cru en lui, mais ces paroles s’adressent à tous : « Si
quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole;
mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui… ».
C’est l’ouverture de l’Évangile au monde, dépassant
même les disciples immédiats. Le vent de l’Esprit souffle
sur tout être humain qui cherche la vie, comme Jésus l’a
dit et vécu. C’est cela la Pentecôte : venue fracassante
de l’Esprit sur les Apôtres, jusque-là terrorisés,
mais aussi sur le monde. Dans ce souffle, il y a un goût d’aimer;
il y a de l’ouverture. Jésus a aimé le monde, il l’a
vécu plein la vie, dans une confiance et un amour de Dieu et du
monde.
Oui, un vent a soufflé… Un vent fort : tout a bougé.
C’est resté l’un des grands vents de l’histoire. On
n’en aura jamais fini avec une brise du nouveau monde.
Les effets sont incalculables et chaleureux. Plus de verrou à l’Évangile;
plus de verrou au désir large de faire Église. Chacun entend
dans sa propre langue; c’est tout le contraire de Babel, de cette symbolique
de la tour, si contemporaine, qui manifeste une volonté de puissance
en même temps que d’un mal de vivre, de se comprendre et de s’aimer
les uns les autres. Jésus l’avait pressenti, si près
de sa mort, dans les paroles que nous venons d’entendre. C’est
le dessein de Dieu sur le monde que la Pentecôte dévoile aux
disciples et nous dévoile à nous aujourd’hui. Les foules
assemblées,
d’origines culturelles diverses, entendent le message dans leur propre
langue. Les interprètes et les traducteurs furent donc inutiles.
Le dessein de Dieu sur l’humanité, nous le voyons à la
Pentecôte. Il n’est pas l’unification de la diversité des
cultures et des langues; il n’est pas de tuer les différences
comme à Babel, mais Dieu est le Dieu de communion des diversités
où chacun et chacune trouve sa place propre. C’est vrai pour les
individus; c’est vrai pour les groupes. La Pentecôte n’aura
jamais été si actuelle et nécessaire dans notre milieu.
Nous avons et nous aurons, ici au Québec, à réfléchir
et à développer des attitudes en regard de cette diversité de
vie, d’héritages et de convictions envers Dieu. C’est maintenant
le lot de notre quotidien. La Pentecôte est une fête pour aujourd’hui,
pour nous ouvrir au questionnement sur nos propres attitudes.
Dieu nous a fait tous différents; c’est notre beauté comme
créature. Regarder cette différence avec les yeux de Dieu. N’est-ce
pas un défi évangélique avant d’en être un
politique? Chaque individu, chaque groupe doit se sentir respecté dans
sa différence, sans jamais renoncer à sa propre identité.
C’est une richesse de l’humanité telle que Dieu la veut.
L’Église, donc nous, a le même défi à relever :
respecter cette diversité. Des manières de vivre et de comprendre
le monde, d’accepter d’être vraiment catholique i.e. ouvert
qui ne nivelle rien et respecte les cultures et les essais honnêtes pour
rejoindre les plus démunis de nos sociétés. Le concile
Vatican II a voulu que le message soit annoncé à chaque peuple
dans sa langue. Il y a eu une option préférentielle pour la différence.
Qu’en avons-nous fait? Comment la vit-on?
Que l’Esprit soit au cœur de notre vie et de notre histoire où l’humanité respire
dans sa grande diversité. Que ce soit comme un second baptême.
Nous allons vivre le baptême de Claire. Et que des enfants comme Claire,
naissant à notre humanité, se sentent respecter dans leur différence
et soient capables de communier à la différence des autres. C’est
le désir de Dieu et de Jésus. Que nous nous souvenions de la
Pentecôte; c’est aussi un autre moment de résurrection.